Observations placeholder
Maeterlinck, Maurice - The Treasure of the Humble - Silence
Identifier
013858
Type of Spiritual Experience
Background
Google translate produces an abomination of this lovely text, so I have tried to take the meaning of the text and express it in English, rather than translate it literally.
A description of the experience
~ Maurice Maeterlinck • The Silence (extract) / The Treasure of the Humble - 1896 ~
As we advance in life, we realize that everything happens according to some pre-defined agreement. It is not a spoken word, it is something of which we do not even think, but we know that it exists somewhere above our heads.
The most aware among men smile, on their first meetings, as if they were old accomplices determining the fate of their brothers.
Even those able to express their deepest feelings, know that words never express the reality of communication that takes place when there is a special relationship between two people.
If I speak to you now of serious things, - such as love, death or destiny, - I cannot explain death, love or destiny, despite my best efforts. But there will always be between us a truth which cannot be explained, an understanding we did not even think of expressing, and yet the truth that had no voice will live only as a moment between us, with us never dreaming this had taken place.
This truth is our truth about death, fate or love; and we could only glimpse this in the silence. And nothing, except this silence, matters.
"My sisters, said a child in a fairy tale, you have each your secret thoughts and I would know them. "
We too, we have something that you would like to know, but she hides herself well, much higher than secret thoughts; this is our secret silence.
But questions are unhelpful. Any agitation of a mind on guard becomes an obstacle to the second life that lives in this secret; and to find out what really exists, we must cultivate silence in itself, because it is only he that is opened up for an instant who finds unexpected and eternal flowers, which change shape and colour as the soul next to them finds them.
Souls are weighed in silence, like gold and silver are weighed in pure water and the words we speak have meaning only through the silence in which they are bathed.
If I tell someone that I love him, he hears only what I might have said to a thousand others; but the silence that follows, will show how far I have plunged into the roots of the word, and will bring a silent certainty in turn, and the silence and the certainty may occur the same perhaps only twice in a lifetime ...
Is it not silence that determines and sets the flavour of love?
Deprived of silence, love cannot taste the eternal perfume. Who of us has not experienced these silent minutes when the lips separated and the souls combined?
We must seek incessantly. There is no more gentle silence than the silence of love and it is really the only one that we alone can seek and control.
Other major silences, those of death, pain or fate, are not ours. They advance towards us, ungovernable events, at a time of their own choosing, and those they do not encounter are not sorry they have been missed.
But we can all go out to meet the silences of love.
They wait night and day on the threshold, each as beautiful as its brother. Thanks to them, those who have almost never cried can live with souls as intimately as those who were very unhappy; and that is why those who loved many also know the secrets that others do not know; as there are, in those silent lips of friendship and deep and true love, thousands and thousands of things that other lips will never silence ...
~ Maurice Maeterlinck • Le Silence (extrait) / Le Trésor des Humbles – 1896 ~
A mesure qu’on avance dans la vie, on s’aperçoit que tout a lieu selon je ne sais quelle entente préalable dont on ne souffle mot, à laquelle on ne pense même pas, mais dont on sait pourtant qu’elle existe quelque part, au-dessus de nos têtes.
Le plus efficace d’entre les hommes sourit, aux premières rencontres, comme s’il était le vieux complice du destin de ses frères.
Et dans le domaine où nous sommes, ceux-là même qui savent parler le plus profondément sentent le mieux que les mots n’expriment jamais les relations réelles et spéciales qu’il y a entre deux êtres.
Si je vous parle en ce moment des choses les plus graves, de l’amour, de la mort ou de la destinée, je n’atteins pas la mort, l’amour ou le destin, et malgré mes efforts, il restera toujours entre nous une vérité qui n’est pas dite, qu’on n’a même pas l’idée de dire, et cependant cette vérité qui n’a pas eu de voix aura seule vécu un instant entre nous, et nous n’avons pas pu songer à autre chose.
Cette vérité, c’est notre vérité sur la mort, le destin ou l’amour ; et nous n’avons pu l’entrevoir qu’en silence.
Et rien, si ce n’est le silence, n’aura eu d’importance.
« Mes soeurs, dit un enfant dans un conte de fées, vous avez chacune votre pensée secrète et je veux la connaître. »
Nous aussi nous avons quelque chose que l’on voudrait connaître, mais elle se cache bien plus haut que la pensée secrète ; c’est notre silence secret.
Mais les questions sont inutiles. Toute agitation d’un esprit sur ses gardes devient même un obstacle à la seconde vie qui vit dans ce secret ; et pour savoir ce qui existe réellement, il faut cultiver le silence en soi, car ce n’est qu’en lui que s’entr’ouvrent un instant les fleurs inattendues et éternelles, qui changent de forme et de couleur selon l’âme à côté de laquelle on se trouve.
Les âmes se pèsent dans le silence, comme l’or et l’argent se pèsent dans l’eau pure, et les paroles que nous prononçons n’ont de sens que grâce au silence où elles baignent.
Si je dis à quelqu’un que je l’aime, il ne comprendra pas ce que j’ai dit à mille autres peut-être ; mais le silence qui suivra, si je l’aime en effet, montrera jusqu’où plongèrent aujourd’hui les racines de ce mot, et fera naître une certitude silencieuse à son tour, et ce silence et cette certitude ne seront peut-être pas deux fois les mêmes dans une vie…
N’est-ce pas le silence qui détermine et qui fixe la saveur de l’amour ?
S’il était privé du silence, l’amour n’aurait ni goût ni parfums éternels. Qui de nous n’a connu ces minutes muettes qui séparaient les lèvres pour réunir les âmes ?
Il faut les rechercher sans cesse.
Il n’y a pas de silence plus docile que le silence de l’amour : et c’est vraiment le seul qui ne soit qu’à nous seuls.
Les autres grands silences, ceux de la mort, de la douleur ou du destin, ne nous appartiennent pas. Ils s’avancent vers nous, du fond des événements, à l’heure qu’ils ont choisie, et ceux qu’ils ne rencontrent pas n’ont pas de reproches à se faire.
Mais nous pouvons tous sortir à la rencontre des silences de l’amour.
Ils attendent nuit et jour au seuil de notre porte et ils sont aussi beaux que leurs frères.
Grâce à eux, ceux qui n’ont presque pas pleuré peuvent vivre avec les âmes aussi intimement que ceux qui furent très malheureux ; et c’est pourquoi ceux qui aimèrent beaucoup savent aussi des secrets que d’autres ne savent pas ; car il y a, dans ce que taisent les lèvres de l’amitié et de l’amour profonds et véritables, des milliers et des milliers de choses que d’autres lèvres ne pourront jamais taire…